Les bienfaits de la pratique du Qi Gong :
Le 4 juin 2016 s’est tenu le premier Colloque National de Recherches Scientifiques sur le Qi Gong pour la Santé à l’Hôpital de la Pitié Salpetrière, l’Université Pierre & Marie Curie. *
Ayant assisté à ce colloque, j’ai rédigé ce compte-rendu sur la conférence donnée par le Pr Shi Aiqiao.
Le Professeur SHI est directeur de l’Institut de Wushu au sein de l’Université d’Éducation Physique de Wuhan de la République Populaire de Chine, vice-directeur du comité technique de la Fédération Internationale de Qi Gong pour la Santé, membre du comité permanent de l’Association Nationale de Qi Gong pour la Santé de Chine. Il a fait depuis longtemps et continue toujours des recherches sur la théorie et les méthodes pour maintenir la santé dans différentes populations de Chine. Il a publié trois livres concernant ses recherches, une dizaine de manuels universitaires ainsi qu’une quarantaine d’articles dans les revues spécialisées.
Bien d’autres intervenants sont intervenus lors de ce colloque et bien d’autres points intéressants ont été abordés. Un en particulier : « Le Qi Gong pour la Santé et l’art de longévité de la médecine chinoise » par Le Professeur LIU Junrong. Madame LIU Junrong est professeur à l’Université de la Médecine Chinoise de Tianjin, République Populaire de Chine. Elle s’est présentée à nous, (la modestie est l’apanage des maîtres) comme étant « une pratiquante, chercheuse et bénéficiaire du Qi Gong ». Je serai ravie de vous partager, son témoignage, mais… il faudra attendre que je le mette en forme.
La conférence du Professeur SHI Aiqiao :
Le Professeur SHI nous a transmis les résultats d’une étude effectuée sur dix années de recherches. Cette étude visait à tester les conséquences de l’augmentation de la force musculaire sur deux groupes comparés, un groupe pratiquant le Qi Gong pour la Santé et l’autre, un sport traditionnel.
L’étude montre que, sur le groupe pratiquant un sport traditionnel, la dépense énergétique est extrême et nécessite impérativement une phase de récupération. La compétition, soumettant le sport traditionnel à l’obtention de résultats de plus en plus exigeants, n’est pas étrangère à cet impératif.
Du point de vue de la Médecine Traditionnelle Chinoise, ce type de pratique sportive va puiser dans notre capital d’énergie originelle, énergie avec laquelle nous naissons et que nous dépensons tout au long de notre vie sans pouvoir l’augmenter.
De ce fait, la phase de récupération post-sportive ne permettra donc pas de renouveler l’énergie perdue et cela induira des effets négatifs tant sur la longévité que sur la santé (défaillances cardiaques soudaines par exemple).
Le groupe pratiquant le Qi Gong pour la santé va avoir des résultats positifs similaires au groupe pratiquant un sport. On notera une amélioration de la masse musculaire, une augmentation de la capacité pulmonaire, une augmentation des capacités cardiaques, une diminution du rythme cardiaque, mais avec toutefois une différence d’importance : cette pratique qui n’épuise pas notre capital énergétique va tout au contraire permettre de pouvoir le conserver et il n’y aura pas nécessité de phase de récupération.
Les raisons de cette différence tiennent au fait que la pratique du Qi Gong pour la santé s’exerce par le biais de mouvements lents, souples, induisant le calme et la détente du corps et de l’esprit. Tout en faisant travailler l’intégralité du corps, muscles et tendons, elle a un effet bénéfique sur l’esprit, la paix obtenue permettant de réduire le niveau de stress va bénéficier au cœur.
Il apparaît que la pratique d’un sport traditionnel va entraîner un état d’épuisement, d’usure ouvrant la voie à la fatigue et la maladie du fait d’une trop grande sollicitation du corps, des muscles, des tendons, du cœur. Cela va donc pérenniser un état de stress du fait des exigences de la compétition.
Le corps après avoir été un temps performant va brusquement s’épuiser et montrer des signes de faiblesse.
À l’inverse, la pratique du Qi Gong pour la santé, va permettre de maintenir ou améliorer les capacités physiques et intellectuelles, tout en économisant l’énergie vitale, favorisant ainsi la santé par une meilleure résistance aux maladies, un renforcement des muscles et des tendons, un meilleur fonctionnement cardiaque et un état de calme s’exprimant dans la durée.
Neuf techniques officielles :
Pour la mise en œuvre de ce programme pour la santé, les chercheurs Chinois ont retenu neuf techniques de Qi Gong parmi les techniques millénaires connues. Ces techniques ont été éprouvées, sélectionnées en fonction des résultats obtenus et enseignées par le Maître à l’origine des recherches.
L’enseignement s’est dispensé, toujours sur la base de deux groupes référents, ici des adultes non pratiquants et non sportifs ayant entre 50 et 69 ans. Un groupe ne pratiquant pas et l’autre pratiquant pendant une heure minimum, cinq jours par semaine, durant trois à six mois.
La procédure de contrôle a utilisé des questionnaires mondialement reconnus et des machines agréés internationalement.
Les résultats pour le groupe pratiquant ont démontré un effet physique immédiat renforcé sur le long terme (six mois).
Il ressort que la micro circulation sanguine, la capacité pulmonaire, la tension artérielle, la fonction cardiaque sont sensiblement améliorées.
On note dès trois mois de pratique chez les personnes âgées un résultat très positif.
Chez les femmes, la pratique régulière a une incidence sur le poids, la cellulite, ainsi que sur l’amélioration de la densité musculaire influant sur la forme du corps.
Ces résultats sont dus aux mouvements, étirements, torsions qui bénéficient aussi au squelette. Cela du fait de l’amélioration de la circulation sanguine dans toutes les parties du corps dont les organes.
Chez les pratiquants âgés, on note, par rapport aux non pratiquants :
- un temps de réaction plus rapide pour la saisie d’objets,
- une amélioration de la force de saisie, de l’équilibre et de l’assise et
toujours une amélioration des capacités pulmonaires, cardiaques ainsi
qu’une meilleure tension artérielle. - une amélioration de la souplesse, une vitesse plus rapide lors de la marche,
une meilleure capacité à monter un escalier… - les examens sanguins révèlent des améliorations sensibles (niveau de
cholestérol en baisse, SOD** en augmentation).
Après six mois de pratique régulière, on constate :
- une amélioration des défenses immunitaires qui induisent une moindre
consommation de médicaments, - une amélioration au niveau hormonal chez les deux sexes ainsi qu’une
régularisation des œstrogènes chez la femme au moment de la
ménopause, - une diminution des risques d’ostéoporose (moins de perte de calcium).
Au plan psychique, on note :
- une diminution du stress, de l’angoisse, des peurs, une meilleure capacité
d’adaptation. - à long terme apparaît un changement profond au niveau du mental ainsi
qu’une amélioration des fonctions cognitives et de la mémoire, une
meilleure capacité de concentration et aussi un meilleur rendement
intellectuel.
Tous ces aspects ont un effet qui n’est pas sans intérêt, l’amélioration de la qualité de vie entraîne une diminution sensible du coût des soins (vérifié dans plusieurs entreprises ayant pris part à l’étude).
Enfin, le groupe des pratiquants est apparu plus dynamique, avec plus de relations sociales. La meilleure santé physique les poussant à sortir plutôt que de rester cloîtrés à la maison. On vérifie là la devise « un esprit sain dans un corps sain ».
La diminution du coût médical entre les deux groupes était presque du simple au double.
Les recherches sur l’atrophie musculaire des personnes âgées dans des maisons de retraite ont démontré que, chez les pratiquants, on notait une meilleure résistance aux chutes.
La pratique du Qi Gong favorise les échanges entre sucres, protéines et graisses. On constate une augmentation de la température du corps, des défenses immunitaires et une frilosité réduite. Par la sécrétion de myosine (protéine motrice) les muscles et les fonctions de coordination entre organes et les autres parties du corps sont renforcés.
Conclusion sur les bienfaits de la pratique du Qi Gong :
Les résultats des recherches, transmis lors de sa conférence par le Professeur SHI, démontrent l’influence positive de la pratique du Qi Gong dans tous les domaines : santé, vie psychique, vie sociale…
Il est à espérer que le monde de la compétition sportive s’ouvre à cette pratique pour mieux gérer le stress des compétiteurs et ainsi préserver leur santé sur le long terme.
Il est aussi à espérer que le monde médical prenne de plus en plus en compte les bienfaits de la pratique du Qi Gong, tant sur un plan économique (diminution des coûts de santé publique), que sur le plan de la prévention et de l’accompagnement de certaines maladies pour lesquelles la pratique du Qi Gong s’avère favorable.
A.D (enseignante et membre de l’Union Pro FEQGAE)
* Ce colloque fut organisé par le Quimetao International Association, avec le soutien de Chinese Health Qi Gong Association, en collaboration avec l’Université Pierre & Marie Curie (Paris VI), le Centre Intégré de Médecine Chinoise de la Pitié-Salpêtrière Charles Foix, la FFKDA (Fédération Française de Karaté et Disciplines Associées), l’Ars Asiatica et Génération Tao.
** Les marqueurs de stress oxydatif évalués par un bilan sanguin indiquent l’état de nos défenses : les enzymes antiradicalaires comme la SuperOxyde Dismutase (SOD) qui est cuivre, zinc et manganèse dépendante, comme le gluthation peroxydase (GPX) qui est dépendante au sélénium et les vitamines antioxydantes A, E et C. Le glutathion est une protéine naturelle qui protège les cellules, les tissus et les organes contre la maladie, le vieillissement et le cancer.
La superoxyde dismutase (SOD) est une enzyme produite par les cellules des organismes vivants, animaux et végétaux. Sa fonction est de piéger les radicaux libres produits par le métabolisme. La superoxyde dismutase est
un antioxydant puissant. Il en existe quatre formes selon le métal contenu dans sa molécule : fer, manganèse, cuivre ou zinc.
Des études pratiquées chez l’animal (la mouche du vinaigre et le ver microscopique C. elegans) ont montré qu’une manipulation génétique visant à augmenter les taux de SOD et de catalase, une autre enzyme antioxydante, dans les cellules augmentait de 50 % la durée de vie de ces animaux. Cette découverte a propulsé la SOD au rang des substances destinées à lutter contre le vieillissement d’autant que, chez l’homme, les taux de SOD dans le sang diminuent avec l’âge.